Le tigre du Bengale et le tombeau hindou

Le tigre du BengaleUn seul film en deux cassettes (il était sorti à l’écran en deux « époques ») dont le cadre est l’Inde envoûtante, le palais d’un maharadjah, ses secrets et ses complots… Reprenant le thème feuilletonesque d’un classique du muet, Fritz Lang en bâtit une version épurée qui donne la plus grande place, au-delà des anecdotes de l’aventure, au froid affrontement des passions qui brûlent à l’intérieur. Il couvre ce feu d’une couche de glace qui fait du « Tigre d’Eschnapur » une œuvre profondément germanique, une architecture parfaite volontairement dépouillée de tout lyrisme… Aujourd’hui, après que Spielberg ait orchestré le « retour de la grande aventure » en grande pompe, le chef-d’œuvre de Lang prend l’allure d’une tragédie racinienne. Entre l’attaque d’une caravane par un tigre, la rébellion d’une tribu, l’évasion des Européens à travers des souterrains hantés par une armée de lépreux, il y a peu de « grand spectacle » dans cette histoire d’amour interdit entre un architecte français et une danseuse sacrée indienne. Et pourtant, on ne s’ennuie jamais au long de ces trois heures : Lang a su capter l’indicible magie de ce pays qui (voir « Octopussy ») n’a pas fini de nous faire rêver.

Le commando du sergent Blynn

Le commando du sergent BlynnVous êtes vous amusés à compter les films ayant pour thème la Seconde Guerre mondiale ? Non ? Vous avez raison car de baroudeurs en salopards et de commandos en débarquements, la liste est longue comme un roman de Marguerite Duras. « Le commando du sergent Blynn » est donc la douze millième œuvrette traitant de la question. Un malheur n’arrivant jamais seul, le film est signé Henry Mankiewicz qui est à Josef Mankiewicz ce que Félix Marten est à Frank Sinatra. L’action est sensée se passer en Normandie bien que le décor soit furieusement tourmenté à l’image de l’Estérel, mais peut-on demander à des marines, tourmentés eux aussi, de faire la différence entre Honfleur et St Tropez ? Bref, le sergent Blynn est chargé de recruter une brochette de salopards pour aller détruire un poste d’observation fortifié qui empêche les alliés de débarquer en rond. Après avoir pris une raclée par un petit teigneux, Blynn s’acquitte de sa mission tout en s’efforçant de ressembler de plus en plus à Charlton Heston, qui est manifestement son idole. Ces détails posés, ça tire dans les coins, ça explose, ça crapahute et ça s’enlise jusqu’au terme des 104 minutes annoncées par la jaquette. Heureusement, il y a tout de même des bonnes pubs avant le film et la duplication est excellente.