Prisonniers de (la) guerre
L’article 13 de la Convention de Genève dit que « les prisonniers de guerre doivent en tout temps être protégés particulièrement contre les actes de violence ou d’intimidation et contre les insultes et la curiosité publique ».
Au troisième jour du conflit, quand l’optimisme occidental était encore de mise et que les télés montraient à loisir des images d’Irakiens se rendant en colonnes, seule i>télévision les avait diffusées en notant qu’elles allaient à l’encontre du droit de la guerre. Il est vrai que, durant ce conflit, face à la « CNNisation » et l’américanisme de plus en plus déplacé de LCI, i>télévision est presque devenue notre Al-Jazira à nous. Mais le dimanche 23 mars, quand sont arrivées les images des premiers prisonniers de guerre américains, et que Donald Rumsfeld a fait savoir qu’elles contrevenaient à la Convention de Genève, toutes les chaînes françaises se sont mise au garde-à-vous et ont flouté les visages américains. La chaîne « tout info » le fut même un peu moins ce jour-là, puisqu’un présentateur de LCI annonça que la rédaction avait décidé de ne pas diffuser les premières images de GI abattus par des Irakiens. Trop mauvais sans doute pour le moral de Jean-Pierre Gaillard et de la Bourse.
Mais la Convention de Genève date d’une époque (1949) où remporter la bataille des images grâce à des bombardements médiatiques massifs ne faisait pas encore partie de toute bonne stratégie militaire, y compris pour rendre les guerres moins sanglantes. Il y a donc quelque tartufferie à pontifier sur le droit à l’image des prisonniers, alors que chacun sait que Rumsfeld se moque de Genève et de sa Convention comme de sa première chemise, ainsi que l’ont prouvé, peu après le 11 Septembre, les images du camp de prisonniers afghans à Guantanamo, Cuba. Aujourd’hui, ce sont surtout leurs opinions publiques que les Etats et les médias insultent et intimident, tous ces prisonniers de la guerre que nous sommes.