Réglage d’une voile de bateau

Est-il maladroit de présenter au vent une surface gauche? Le dévers est-il un travers? Les passionnés ont toujours débattu du dévers qu’il convenait de donner à leurs voiles. Les défuntes voiles coton, qui ne demandaient qu’à se déformer sous l’action du vent, étaient coupées nécessairement très plates. Si un besoin de volume se faisait sentir, on arrondissait la bordure et on tendait la chute pour que ce volume se répercute plus haut. Dans ces conditions, le dévers pouvait être considéré comme effectivement néfaste puisque sans cette tension la voile « regardait passer le vent ». Pourtant, quelques champions, principalement des plans d’eau intérieurs, recommandaient de placer la planche de têtière suivant l’axe de la girouette, ce qui donne un vrillage important. Quelles sont les causes qui militent ou s’opposent au vrillage d’une voile prise isolément ?

La couche limite terrestre

« Nous étions toujours à la course » me rapportait le commandant Stephan.

shéma du bateau

C’est le bosco l’homme le plus expérimenté du bord [il pouvait avoir jusqu’à 45 ans, vous vous rendez compte!! qui avait la lourde responsabilité du réglage des voiles. Il faisait reprendre régulièrement les écoutes, en fonction des deux « temps », celui qu’il faisait et celui qui passait. En effet, les fibres naturelles, chanvre ou lin, étaient particulièrement sensibles à l’hygrométrie. Par ailleurs, fibres courtes, sous la traction, et au fil des heures, elles glissaient dans le toron. L’écoute se trouvait ainsi dangereusement amaigrie, affaiblie. Il n’était pas question d’amener la voile, et il fallait envoyer un gabier, acrobate et téméraire, changer le lourd cordage, parfois en empruntant le chemin de l’ancien. « Sur ces cathédrales de voiles, aux allures traversières, on réglait les voiles trapézoïdales du phare carré en décalage pour qu’elles attrapent bien le vent qui n’est pas le même en haut qu’en bas. » Les vergues tournaient autour du mât comme les marches de l’escalier d’un phare. Celles des cacatois, petit ou grand, tout en haut étaient les plus débordées, celles de la grand-voile ou de la misaine, en bas, les plus centrées. Ainsi, ces remarquables observateurs qu’étaient les marins de l’époque exploitaient au mieux les variations de force et de direction du vent dans ce qu’on appelle 10 couche limite terrestre.